Cette maladie constitue la cause de boiterie chronique la plus fréquente chez les chevaux de sport et de loisir [1]. C’est une affection du pied due à une surcharge biomécanique locale de l’os naviculaire (scientifiquement appelé “os sésamoïde distal”). Votre vétérinaire vous parlera peut-être aussi de “syndrome podotrochléaire”, terme moins restrictif de plus en plus utilisé de nos jours. C’est parce que cette maladie peut non seulement toucher directement l’os naviculaire (dans ce cas, il s’agit bel et bien d’une “maladie naviculaire”) mais aussi les structures tendineuses et ligamentaires adjacentes (dans ce cas, on parle plus largement de “syndrome podotrochléaire”), à savoir le tendon perforant (scientifiquement appelé “tendon fléchisseur profond du doigt”), les ligaments sésamoïdiens collatéraux ou la bourse podotrochléaire. Dans tous les cas, la douleur causée par l’altération de l’une de ces structures anatomiques limite le mouvement d’extension interphalangienne distale (l’extension entre les deux dernières phalanges du doigt du cheval, lorsque le sabot s’enfonce dans le sol: l’équivalent pour vous d’appuyer la pulpe de votre index sur une surface), ce qui cause une boiterie.
Il faut savoir que les premières manifestations cliniques ont généralement lieu lorsque le cheval a entre 5 et 10 ans, préférentiellement sur des races de chevaux de selle et sur des quarter-horse (les pur-sangs et les trotteurs sont beaucoup moins touchés). La boiterie apparaît généralement de manière insidieuse et intermittente, rarement brutalement. Les antérieurs sont bien plus touchés que les postérieurs. Il s’agit malheureusement souvent d’un problème bilatéral. Le fait que les deux antérieurs soient touchés retarde souvent l’apparition d’une asymétrie d’allure même si les troubles sont souvent plus intenses d’un côté. Cette asymétrie va venir raccourcir les allures de votre cheval, ce qui se voit surtout au trot. Il aura l’air étriqué, comme s’il “marchait sur des oeufs” car l’amplitude de sa foulée et la trajectoire de son pied seront diminuées. Ces signes seront plus marqués à froid, à la sortie du box: votre cheval peut vous donner l’impression d’avoir les épaules “froides” quand vous le sortez, puis vous avez l’impression que cela s’améliore quand il s’échauffe [1]. Prenez donc bien le temps de le regarder se déplacer quand vous êtes encore à pied.
Il peut y avoir deux sortes de manifestations physiques [1]:
Du côté le plus touché, on peut observer une atrophie du pied: le sabot est plus étroit, plus vertical. Les talons sont plus hauts que sur le pied antérieur opposé (il faut regarder le pied de devant mais aussi de derrière). Il faut que la maladie soit installée depuis un certain temps pour qu’on observe cela.
Le cheval peut avoir une attitude antalgique: au repos au box, il peut se soulager en pointant le membre douloureux vers l’avant. On appelle ça mettre son membre “en protraction”.
Il s’agit d’une affection incurable et irréversible mais qui peut être stabilisée et gérée (certains chevaux font du concours avec ce type de maladie). La base du traitement est la ferrure, à laquelle viennent s’ajouter la gestion de l’activité et une assistance médicale selon le type de lésion. Le traitement orthopédique (donc par la ferrure) s’avère capital pour aider le cheval dans sa locomotion. L’idée, c’est de diminuer l’extension interphalangienne distale, c’est à dire l’enfoncement des talons. Il faut donc une ferrure qui soutienne en talons et qui favorise le roulement en pince pour que le pied roule vers l’avant sans s’enfoncer trop [1]. Souvent, on utilise une ferrure à oignons.
Pour des cas plus graves, il existe le fer Napoléon, qui est un fer posé à l’envers. Selon la forme de syndrome podotrochléaire présentée par le cheval, un traitement médical spécifique sous forme d’infiltration (anti-inflammatoires et/ou acide hyaluronique) ou d’injection (biphosphonates : TILDRENⓇ, OSPHOSⓇ) peut être mis en place en sus. Il est essentiel d’en discuter avec votre vétérinaire traitant. Le pronostic dépend de la tolérance du cheval au travail (si le cheval boite au pas, le pronostic est défavorable), de la sévérité des lésions et de l’âge du cheval (plus la maladie commence jeune, plus le pronostic est réservé).
Voici quelques consignes qui aideront votre cheval à gérer sa boiterie: